Le domaine de Ravenswood s'étend à plusieurs hectares de terrain, les jardins et les sous-bois entourant la propriété, eux même encerclés par un mur de quatre mètre de haut hérissé de pointes qui fait le tour de tout le domaine, telle une muraille infranchissable. La seule entrée réside dans le grand portail de fer qui scinde ce mur à un seul endroit, au nord. Face à lui, un chemin de dalles grises fissurées par le temps, qui mène à la cour, juste devant la grande bâtisse aux allures de manoir d'une autre époque. Au milieu de cette cour, un puits, et deux bancs de pierre.

Les jardins sont indispensables à la survie des détenus. Ils permettent de prendre l'air frais, et de ne pas étouffer dans l'odeur de fauve qui règne dans les cellules. Les jardins, c'est le royaume du jardinier, et il en prend grand soin. Tous les sentiers qui sillonnent entre les bosquets sont dépourvus de la moindre mauvaise herbe, et chaque fleur est taillée et entretenue avec amour. Il est fortement déconseillé d'abîmer la moindre parcelle de cette étendue de verdure, sous peine de s'attirer les foudres du vieillard.

Appelé également le « chemin des oubliés », la création du labyrinthe est à l'origine une des lubies botaniques du jardinier. Et son œuvre est aussi belle que dangereuse, si bien que certaines personnes se sont véritablement perdues dans ce petit dédale. Aujourd'hui condamné sans pour autant être détruit, il serait inconscient voire suicidaire d'y mettre les pieds. Et pourtant, on chuchote qu'une entrée secrète se trouverait en son centre...

Les sous-bois donnent aux détenus une impression illusoire de liberté. Une chimère qui ravit leurs pupilles par l'abondance de ses arbres, et la symphonie de la faune qui commence à y apparaître. C'est un endroit charmant, en contraste avec la rudesse du pénitencier, mais dont le visage change considérablement lorsque la nuit tombe. Devenant un lieu de cauchemars et de peur, propice à réveiller l'imagination la plus sombre, les arbres semblant prêts à dévorer les âmes osant troubler leur repos. Promenons-nous dans les bois, tant que le loup n'y est pas car s'il y était...

Pittoresque et taillée dans une pierre grise et froide, la petite chapelle trône dans un coin du domaine, cachée par de grands arbres touffus. Les rares croyants ou misérables encore férus d'espoir viennent y prier, sans attendre de miracle cependant. On accède à l'intérieur par quelques petites marches à l'entrée, et au centre se dresse une statue de la vierge Marie rongée par le temps et la végétation. Inutile de préciser que personne ne s'occupe de l'entretien de cette chapelle. On se demande même ce qu'elle fait encore là.